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Les Voies du YOGA
Le Raja
Yoga ou Yoga Royal
Par Swami Shraddhananda
Directeur – Fondateur du
Centre Épanouissement de l’ Être :
Le Lotus
Montréal – tél. :
450 – 443 - 8784
Le raja yoga, également connu
sous le nom de yoga royal, correspond au yoga décrit par Patanjali
dans les "Yogas Sutras", textes références datant d’environ
2 à 5 siècles avant l’ère chrétienne. Patanjali
auteur des "Yogas Sutras", est un personnage peu connu, dont il est
difficile de dater avec exactitude l’existence que certains évaluent
à 200 ou 500 ans avant J-C. Les Yogas Sutras sont constitués,
par un ensemble de 195 aphorismes (pensées et maximes) véritables
clés de sagesse et de connaissances spirituelles, traitant de tous
les aspects de l’existence humaine. On pourrait traduire le mot Sutra, par
corde ou fil. Sur ce fil on y trouve autant de perles contenant les secrets
du Yoga, de son esprit et de sa pratique. Les "Yogas Sutras" sont composés
par 4 livres «Padaïs».
1 - "Samâdhi pâda", qui
explique le but du Yoga : la libération des contraintes mentales
et illusions qui s’y rattachent , afin de connaître l’état
de liberté intérieure : Samâdhi
2 - Sâdhana Pâda: aborde
les moyens concrets et nécessaires à la mise en œuvre du processus
de réalisation spirituelle.
3 - "Vibhûti Pâda", explique
«l'état heureux», manifestation de la Puissance intérieure
exprimée par l’action juste.
4 - Enfin "Kaivalya Pâda",
approfondi les thèmes déjà développés.
Considéré comme étant
la présentation la plus complète de la philosophie du yoga,
ces 4 livres décrivent d’une façon condensée toutes
les formes traditionnelles de yoga. Patanjali y explique les façons
de dépasser les souffrances du corps et de l'esprit et les obstacles
à l'évolution spirituelle. En plus de décrire ce qu’est
le yoga, il y apporte la façon d’atteindre une conscience de
l’Unité et les pratiques nécessaires pour cela. Ses propos
considérés comme étant d’inspiration Divine, restent
encore de nos jours d’une surprenante actualité. Le traité
commence ainsi : (livre I.1) « Maintenant, le Yoga va être enseigné,
dans la continuité d'une transmission sans interruption » .
Ensuite vient la définition du yoga (livre I.2): « Le Yoga est
l'arrêt de l'activité automatique du mental» ou cessation
des vagues mentales.
Le livre 2 «Sadhana Pâda»
aborde le raja yoga et en explique la pratique structurée en
Les
Huit Étapes
1.
yamas : règles pour une vie heureuse,
2. nyamas : recommandations
pour la relation avec soi-même,
3. asana : attitude
concernant le physique et le mental,
4. pranayama :
la science du souffle,
5. pratyara : l’écoute
sensorielle intérieure,
6. dharana : le
pouvoir de la concentration,
7. dhyâna
: la méditation,
8. Samadhi : la
libération intérieure.
Les Yamas (livre II.30 Sadhana Pada)
expriment cinq grandes clés de vie :
Le respect et la protection de la
vie dans toutes ses dimensions. Allant du respect de soi au respect de l’autre,
de celui de la nature à celui des différences, cette pratique
est le premier Yama : non violence ou Ahimsa.
La recherche du vrai.
Sortir des préjugés,
des restrictions mentales qui tronquent l’évidence, des croyances
limitatives, dans une recherche d’authenticité, c’est là
le défi du deuxième Yama : la vérité ou Sathya.
Le non attachement.
De la peur de perdre à l’illusion
de l’appartenance, le non attachement consiste à retrouver
sa liberté pour ne plus «chosifier» les êtres
* et s’enfermer dans l’esprit de possession des choses. Il s’agit
du troisième Yama : Asteya.
Une conduite sexuelle saine
Essentielle à la continuité
de la vie sur terre, la sexualité est sur le plan humain la
manifestation de l’énergie de vie fondamentale.
Vécue dans le respect,
elle constitue une porte d’accès à l’intimité, l’amour,
et la conscience du vivant en soi.
Voilà le troisième
Yama : Bramhacharya
La simplicité volontaire
Reconnaître ce qui est utile
de ce qui ne l’est pas. Un discernement qui allège la vie.
Voyager léger est le meilleur
moyen de ne pas mourir d’épuisement avant la fin du voyage.
Un ami, grand voyageur, me disait qu’on mesurait l’expérience d’un
voyageur à la taille de ses valises. Plus l’expérience du
voyage est grande plus la valise est petite.
Ce Yama se nomme Aparigraha
Ces cinq Yamas pourraient se résumer
ainsi : une vie saine, simple et heureuse grâce à une pensée
juste.
* Par «chosifier» les
êtres, je réfère à cette croyance absurde qui
en nous affirme : «il/elle est à MOI !!! avec en écho
MOI…MOI…MOI…»
Niyamas (livre II.32 Sadhana Pada) Les Niyamas sont:
La transparence
Sans chercher à accrocher
ou à s’accrocher, le rayon de soleil traverse la vitre ; ainsi la
pureté de la transparence permet d’être et de laisser être.
Alors actes et pensées harmonisés
génèrent une vie que le premier Nyama appelle la pureté
: Saucha
Appréciation, reconnaissance,
gratitude
Être heureux, c’est savoir
apprécier ce que l’on a et ce que l’on est.
L’appréciation est une source
d’abondance.
La reconnaissance est une source
de gratitude.
Ainsi le deuxième Nyama ouvre
sur la satisfaction d’être, le contentement : Santocha
La pratique assidue
Seule une pratique exercée
dans la régularité et la continuité, libère
l’énergie nécessaire à l’accomplissement.
Le troisième Nyama : Tapah,
la pratique permet la mise à jour des forces vives qui engendrent
la réalisation personnelle et spirituelle.
La connaissance de soi
Connais-toi toi-même et tu
connaîtras les Dieux disait Socrate.
La Connaissance et la Reconnaissance
de soi, révèle l’espace de Conscience, de sagesse et
de vie cachée au plus profond de chaque être.
Ce Nyama est nommé : svadhyaya
Le Oui à la vie
Au delà de ce qui a peur,
refuse et perturbe, il est un lâcher prise qui accepte, accueille,
reçoit, dans la confiance en la vie et en l’avenir.
S’ouvrir ainsi à ce qui est
correspond au cinquième Nyama «l’abandon à Dieu»
ishvarapranidhana
Asana
signifie posture et ‘’ être fermement
établi dans un espace heureux. ‘’
La juste posture correspond à
l'équilibre entre le faire et le lâcher prise, l’action
et le repos, l’être et l’avoir. L’asana est une question d’attitude
car notre attitude détermine notre altitude. L’attitude correspond
à une façon de voir et de comprendre les choses.
C’est une question de positionnement.
C’ est une question de choix entre une perception juste ou faussée,
adéquate ou exagérée. L’asana consiste à trouver
par l’intermédiaire du corps, compagnon indispensable à
l’expérience intérieure, la stabilité et le calme mental
qui ouvre sur la clarté de l’esprit aussi appelée clairvoyance.
L’asana permet de s’installer de
façon stable dans le sentiment d’infinitude.
Pranayama: la dynamique
du souffle
Le souffle de vie. Du premier au dernier souffle, en une suite ininterrompue
d’inspirations et d’expirations la vie s’écoule. Ce mouvement autonome,
indépendant de toute volonté, en permettant l’échange
d’oxygène et de gaz carbonique, entretien les processus vitaux du
corps. On peut rester plusieurs semaines sans s’alimenter, mais on ne peut
pas passer plus de quelques minutes sans respirer. C’est dire toute
l’importance vitale du souffle. On parle de la peur qui retient le souffle,
de l’étonnement qui coupe le souffle, de la colère qui
le rend haletant et court, et aussi du grand soupir de satisfaction profonde.
Le souffle suit le rythme des émotions, et peut aussi les calmer.
Ainsi le souffle permet de réintégrer en une harmonie intérieure,
l’énergie libérée par l’émotion. Le souffle s’il
accompagne la totalité de la vie, permet aussi d’en régler
l’intensité, la tonalité et la qualité. Le souffle, lorsqu’il
est conscientisé et guidé par une attention soutenue, devient
fluide, ample, allongé et subtil. Les yogis enseignent 108 façons
de respirer, chacune ayant un effet particulier sur le corps, le mental et
les émotions. L’art de ressentir l’énergie «prana»
qui accompagne le souffle c’est le pranayama. Une pratique à vie, pour
aérer l’esprit, retrouver le calme, et réveiller les potentialités
de l’âme.
Pratyara,
le retournement
des sensations
Retour
à soi, aux ressentis, aux perceptions intérieures, Pratyara
est une écoute sereine de l’espace en soi. Les sens sont les
portes du monde intérieur. Les perceptions sont l’intériorisation
des stimulis en provenance du monde environnant. Sons, odeurs, images, goût,
sensations, alimentent le mental d’informations essentielles à la
compréhension du monde dans lequel nous agissons. Il s’agit là
d’un processus naturel nécessaire à notre positionnement dans
la vie. Cependant, si le flot d’informations est incessant, le mental de
par sa tendance naturelle à la dispersion, va se servir de ce flot
pour entrer dans un état d’agitation énergétivore.
C’est pourquoi il est essentiel d’apprendre à exercer un retrait temporaire
des perceptions en provenance des stimulis externes, afin de se reconnecter
à la paix en soi. Pratyara se pratique par l’apaisement des sens à
l’aide d’asanas et de pranayama, pour graduellement entrer dans le silence
intérieur. Pratyara est le moment béni où le brouhaha
du mental cessant, se révèle la vacuité de l’esprit,
propice à l’entrée dans l’état de méditation
.
Dharana : La
Concentration
La pensée se nourrie d’énergie
vitale. Une pensée négative, dispersée, inharmonieuse,
est porteuse de conflits et de contradictions. L’agitation de la pensée
est incompatible avec la paix de l’esprit. Les sages disent que vouloir
dompter le mental c’est vouloir arrêter le vent. On ne peut lutter
contre le vent, mais il est possible de s’en mettre à l’abri
ou de s’en servir comme le voilier s’en sert pour se diriger vers sa destination.
La concentration permet aux pensées de relâcher leur emprise
toute puissante sur le mental pour laisser place à un état
centré et paisible. Alors la lutte pour la paix de l’esprit cesse.
Les tentatives de ramener la pensée sur un point central ne sont plus
nécessaires. La concentration n’est pas un effort en vue d’atteindre
un but, mais apparaît dès l’instant ou tout dans le mental
converge naturellement vers ce but. Loin d’être le fruit d’une crispation,
c’est le résultat d’une fluidité, toute orientée sur
le but choisi. Se servir du mental c’est apprendre à le canaliser
et à exploiter son extraordinaire pouvoir créatif. C’est avec
Dharana que se franchi cette étape incontournable pour toute réalisation
possible.
Dhyana: La Méditation
Si la concentration s’adresse
au mental,
la méditation rejoint
la conscience d’être.
Il est essentiel de discerner la
méditation en tant que mise en pratique d’une technique
et Dhyâna l’état de méditation résultant de la
pratique méditative. L’un étant le moyen, l’autre la
finalité. Comme l’expliquait le maître Dôgen au XIII siècle
le méditant est
« Semblable au dragon dans l’eau
et au tigre retrouvant sa forêt
profonde ».
L’état méditatif peut être recherché et atteint
à travers plusieurs
approches :
La méditation réflexive
qui ouvre la porte à l’inspiration et à la créativité.
La méditation contemplative
qui permet
de pénétrer l’essence même des choses.
La méditation mantrique qui
conduit au cœur de la vibration.
La méditation active qui donne
un sens au geste.
La méditation silencieuse
à l’écoute le silence.
Ces approches méditatives
sont autant de chemins pour éveiller l’âme à la grandeur
de la vie. Des phases d’immense bien-être, le sentiment de plénitude,
le sens de l’essentiel, une joie sereine, voilà ce vers quoi
conduit la pratique méditative du raja yoga.
Samadhi
Quand la conscience est en relation
avec cela même qui n'a pas de forme, c'est le Samadhi (III.3).
Samadhi est l'état d'unité
au delà du nom et de la forme. Une percée en un espace que
les mots tels qu’harmonie, lumière, infini, conscience cosmique ne
peuvent que décrire partiellement. Comment expliquer ce qui n’a pas
de forme dans notre monde qui se définit par la forme ? Comment parler
d’absolu à partir de mots qui ne sont que l’expression de la relativité.
Comment exprimer l’infini à partir d’un espace où tout à
un début et une fin. Comment évoquer l’Un, alors que toute
notre structure mentale prend ses racines dans la dualité. Il s’agit
donc d’un état au-delà du mental. Un état qui ne peut
que se vivre et non se dire. Souvent comparé à une porte qui
s’entrouvre sur un espace vierge et inconnu, le Samadhi se défini
dans les mots non par ce qu’il est, mais par ce qui en résulte :
une libération des contraintes mentales, en un sentiment permanent
d’unité avec le Tout.
Pour résumer cette démarche
qui se vit au travers de pratiques et au cœur du quotidien :
Les deux premières étapes
Yama et Nyama sont celles qui conduisent à une vie saine et équilibrée.
Asanas et Pranayama, concernent la gestion de l’énergie physique
et spirituelle. Pratyara, Dharana, Dhyâna, ancrent l’être dans
sa source et dans ses forces.
Samadhi en est le couronnement qui
libère des illusions et de la souffrance. Le raja yoga, qui fut longtemps
considéré comme n’étant accessible qu’à des yogis
de haut niveau est un chemin qui conduit de la souffrance à la connaissance
et de l’obscurité à la lumière.
Parvenue du fond des âges,
cette voie de sagesse est aujourd’hui accessible à ceux et celles
qui ont ressenti au plus profond de leur âme l’importance de donner
un sens à leur vie. Même si les temps ont bien changés
et que les styles de vie n’ont plus rien de commun avec ceux de l’époque
de Patanjali, il reste que les questions existentielles demeurent entières.
Qui somme-nous, où allons-nous, d’où venons-nous, quel
est notre sens de vie, voilà les défis de la conscience humaine.
Le Raja Yoga balise ce questionnement et ouvre sur une pratique qui permet
de trouver les réponses profondément enfouies en chacun de
nous. Ces réponses reposent en un espace intérieur de paix
et de joie de vivre. Le raja yoga est une voie de libération
spirituelle, qui conscientise notre liaison à la Vie, celle-là
même que nous nommons selon nos convictions personnelles, Dieu, Énergie
Divine, Moi suprême, Force supérieure. Quel que soit le nom
donné ou la forme évoquée, c’est dans un état
d’être au delà des mots et des concepts que se situe la Connaissance
qui libère.
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Francophone de Yoga
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non commerciales
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