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appel         Le  Samkhya   yoga

  d'  aprés  les  écrits  traditionnels
 de  l'
Université  historique du  yoga

 
Le mot de sâmkhya apparaît pour la première fois dans la Shvetasvatara-Upanishad au sens "ce qui repose repose sur le nombre", allusion au goût de cette doctrine pour les énumérations et d'une hiérarchie classifiée. Sâmkhya signifie donc "théorie, réflexion" par opposition à yoga "pratique".Le système a été codifié pour la première fois au 4ème s. après JC par Ishvarakrishna dans son ouvrage Sâmkhyakârikâ (versets mnémoniques sur le sâmkhya, traduit en français sous le titre "Les Strophes du Sâmkhya", éd. les Belles Lettres, 1982).DualismeLe système sâmkhya postule l'existence de deux entités éternelles: le Purusha et la Prakriti.La prakriti embrasse tout ce qui n'est pas le purusha: c-à-d le monde physique et le monde psychique. Elle est fondamentalement indifférenciée, non développé. Dans ce sens , le terme s'oppose à vikriti.Le sâmkhya est une doctrine évolutionniste. Son but est de montrer comment on est passé& de l'indifférencié au différencié, de l'incohérent au cohérent, du chaos au cosmos, du fin au grossier, du subtil au matériel. L'évolution, pour l'Inde, n'est pas un passage du Tout à une partie, mais le passage de quelque chose de relativement moins différencié à quelque chose de plus différiencié, c-à-d plus grossier.La prakriti et les gunasLa prakriti est composé d'une infinité d'entités subtiles appelées guna . Les gunas sont à la fois des entités inhérentes à la prakriti et des qualités de cette prakriti.Les gunas sont infinis en nombre, mais peuvent être regroupés en trois catégories:
1.    sattva
2.    rajas
3.    tamas.
Comme toutes les notions su sâmkhya, les gunas sont à comprendre à deux niveaux: physique, objectif ou macrocosmique, et psychologique, subjectif, microcosmique.Le plus noble d'entre eux est le sattva: objectivement, c'est la légèreté, subjectivement (psychologiquement), c'est la joie et la paix.Le rajas : c'est l'énergie, ce qui met en mouvement dans la nature. Subjectivement, au niveau microcosmique, c'est l'énergie en nous, sous son double aspect: activités et souffrances.Le tamas : c'est la lourdeur, l'obstacle, ce qui maintient en inertie le monde physique; psychologiquement, c'est ce qui égare et aveugle l'homme.Toute l'activité humaine est déterminée par les gunas. Les gunas déterminent l'ensemble du champ de l'expérience: notamment les tendances mentales, la nourriture, les acticités religieuses, les sacrifices, les activités intellectuelles. Par exemple en Bhagavad-Gîtâ 17, la nourriture (vers 8-10), le sacrifice (v. 11-13), l'ascèse (v. 17-19), les dons (v. 20.-22).Mais cependant,, il n' y a jamais pas qu'un seul guna qui est en jeu. Il ne peut y avoir que prédominance de l'un sur l'autre. Dans ce cas, seul le guna prédominant est apparent, et les autres latents. Ils existent néanmoins et peuvent à tout moment reprendre le dessus. Si à un moment doné vous faites un don sattvique, cela veut dire simplement qu'à ce moment là le sattva a dominé en vous. Cela ne veut pas dire que tous vos dons seront automatiquement sattviques. Mais il y a moyen d'obtenir de plus en plus régulièrement une prédominance du sattva sur les autres, notamment par les exercices préconisés par le sâmkya, qui sont en fait déjà du yoga.Par ex., dans un corps en repos, c'est le tamas (force d'inertie, poids, masse) qui est prédominant; mais le rajas est néanmoins présent à l'état de potentialité qui peut devenir prédominant d'un moment à l'autre. Le sattva -qui dans ce cas est la conscience de soi de la personne- est aussi latent et apparaîtra dans la méditation par ex., ou dans le but de l'action.Dans un corps en mouvement, c'est le rajas qui est prédominant, et la force d'inertie provisoirement dominée.Il y a un état du monde où les gunas se neutralisent réciproquement. A ce moment-là le monde est inévolué, c-à-d à l'état neutre. Le monde est en état de résorption.
Le Purusha
Alors que la praktiti est destinée à évoluer, le purusha est pure immuabilité, pure spiritualité, inqualifié et inqualifiable. Il n'agit, nu ne pense, n'a ni vouloir, ni perception, ce n'est donc pas Dieu. Il est identique au Brahman des systèmes monistes. S'il est unique en son essence, il est innnombrable en ses manifestations: il y a autant de purushas (= âmes) que de corps, tous sembalbles. Cependant la plupart du temps, l'accent est mis sur l'unité et on parle donc de purusha au singulier.Cependant tout en étant inactif par nature, c'est le purusha qui met en branle l'évolution de la prakriti. Cette influence n'est cependant pas à considérer comme un impact mécanique, mais comme une influence purement trabscendantale. La proximité du purusha par rapport à la prakriti agit sur celle-ci comme un aimant et provoque son évolution.Pourquoi l'évolution ?L'évolution a lieu en vue du purusha, plus exactement afin d'offrir aux purushas un lieu d'incarnation, d'expérimentation de plaisirs et de douleurs, un lieu où vivre leur karman, de façon à les mener à la liberté absolue. La délivrance a lieu quand le sujet se sera rendu compte du caractère illusoire du lien qui lie les purushas à la matière. Dans ce cas le lien sera coupé et la délivrance effective. Tout se passe comme si les purushas avaient besoin de passer par ce lien illusoire pour leur libération définitive.Le contenu de la délivranceIl est défini négativement: ce n'est ni la félicité, ni un avantage réel (car la délivrance n'est pas un bien), ou encore moins l'accès à un monde plus haut. C'est un état indescriptible marqué par la fin de la souffrance, c-à-d par l'isolement total de l'âme du monde psychosomatique.L'objet du sâmkhya est de montrer à l'homme qui ne veut plus souffrir la voie à suivre, c'est de faire en sorte que l'homme puisse opérer la distinction entre le purusha et la prakriti. Cette connaissance s'acquiert par un lent travail dans lequel le sâmkhya recommande les exercices ascétiques et spirituels.L'évolution (parinâma)Une fois que la Prakriti (sous l'influence transcendantale du Purusha) a mis en branle le processus évolutif du monde, l'évolution se fait du plus fin au plus grossier, de l'inévolué à l'évolué, du suprasensible au physique; du psychique au physique. Le psychique est donc antérieur au physique. Autrement dit, le monde matériel devant nous est le résultat d'une évolution du psychique vers le physique, le premier stade de l'évolution est ainsi la conscience profonde, le dernier la matière dont notre monde est fait: l'eau, la terre, l'air. La prakriti se développe selon un ordre fixe (sarga).
L'ordre de l'évolution      
       1)   La plus haute forme de l'évolution de la prakriti, c'est la budhi. Elle est encore voisine du Purusha, dont elle reçoit la lumière. C'est en nous la plus haute instance de décision et de jugement, la conscience profonde. Le sattva est bien sûr ici prépondérant.   

      2)    L'ahamkara ("égofaction", "Ich-macher", Ego)) Emane de la budhi. C'est lui qui donne naissance aux idées du moi et du mien, qui font que chaque être se sent un "je". Il provoque aussi l'illusion que nous sommes liés aux choses du monde qui, en fait, ne sont pas nôtres.Quand dans l'ahamkara, le sattva est prépondérant, il donne naissance au manas; quand c'est le tamas qui devient prépondérant sur le sattva qui dominait dans la budhi, on aboutit à un étét appelé bhûtâdi. 
  
3)  Le manas est l'instance mentale directement en contact avec les sens. Du mamas relève le désir, les réflexions, le doute, la décision…Il centralise les informations fournies par les sens. C'est le stade le plus primaire de la conscienceLes sens (indriya-s) sont classés ci-après par ordre d'exposition et non d'évolution:   les 5 sens d'aperception (budhîndriya): vue, ouïe, odorat, goût, toucher 
   les 5 sens d'action (karmendriya) qui s'expriment par les fonctions de parler, de saisir, de marcher, d'évacuer et par les relations sexuelles, et qui ont pour siège la voix, les mains, les pieds, l'anus et les organes génitaux.
Ces sens sont suprasensibles et distincts des organes visibles dans lesquels ils résident.Attention: en sanskrit le terme "les sens" (indriya-s) ne suggère pas des réceptreurs passifs, mais des forces, des énergies qui vont chercher les objets extérieurs, pour les ramener au manas qui les centralise et les analyse..    Du bhûtâdi avec l'aide du rajas les 5 tanmatra-s sont libérés, qui sont, eux-même la cause des 5 éléments grossiers. Avec les tanmatras on entre dans la sphère proprement physique, bien qu'il s'agisse du physique subtil. Ils représentent la matière subtile, vibratoire, radiante et énergétique. Ce sont des potentialités énergétiques. Mais ils possèdent quelque chos e de plus que la masse et l'énergie: une énérgie de pénétration, de pression, d'irradiation (chaleur…).

  En relation avec ces caractéristiques physiques, ils possèdent aussi des potentialités énergétiques représentées par le son, le toucher, la couleur, le goût et l'odorat. Mais étant des matières subtiles, ils sont dépourvus de formes particulières que ces potentialités assument dans des particules de matière grossère tels que les atomes et leurs agrégats.
Du Bhûtâdi émanent:
1.    la potentialité énergétique (générée en premier)
2.    la potentialité tactile
3.    la potentialité visuelle
4.    la potentialité gustative
5.    la potentialité de l'odorat
De ces 5 tanmatras, éléments subtils, dérivent les grossiers (la liste est progressive, plus on avance dans la liste, plus les éléments sont "grossiers")
1.    l'éther (dérivé de la potentialité sonore), parce qu'il transporte les sons
2.    le vent (dérivé des potentialités sonore et tactile, car le vent touche !)
3.    le feu (dérivés des potentialités sonore, tactile et visuelle, car le feu se voit !)
4.    l'eau dérivée des potentialités sonore,tactile, visuelle et gustative, car elle se goûte !)
5.    la terre dérivée des 4 potentialités pré-citées + l'odorat: car la terre se sent !) .
De ces éléments grossiers naît le monde visible, qui se repliera à la fin de chaque période, avant de se redéployer à nouveau.
L'ensemble budhi-ahamkara-manas constitue l'organe interne (antahkarana), qui lié à l'âtman va migrer de vie en vie.
L'antahkarana ajouté aux indriya-s (sens) et aux tanmatra-s forme le corps subtil.
Athéisme du sâmkhya
Le sâmkhya est athée (nirîçvara). Il n' y a pas de Créateur. L'évolution du monde est un effet spontané de la prakriti.
L'athéisme du sâmkhya n'a bien entendu jamais supprimé les croyances populaires, les dieux du culte étant considérés comme des délivrés vivants.


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